
Achetez le livre ici: https://editions-salvator.com/accueil/12144-leuthanasie-en-debat.html
I-Définitions des termes
L’euthanasie, au sens large, désigne l’acte de provoquer intentionnellement la mort d’un patient afin de soulager ses souffrances physiques ou morales considérées comme insupportables, soit par une action directe, soit en s’abstenant d’agir. On distingue en particulier :
1) L’euthanasie active qui consiste à tuer intentionnellement un patient par une action directe.
2) L’euthanasie passive qui consiste à tuer intentionnellement un patient de manière indirecte par une omission (par exemple en retirant tout traitement médical avec l’intention délibérée que le patient en meure).
=> Que ce soit pour l’euthanasie active ou passive, il y a toujours une intention délibérée de tuer le patient.
On distingue également :
a) L’euthanasie volontaire, pratiquée à la demande expresse du patient à être tué.
b) L’euthanasie non-volontaire, appliquée lorsque le patient n’est pas en mesure de se prononcer pour ou contre sa mise à mort.
c) L’euthanasie involontaire, imposée contre la volonté du patient.
Les partisans de l’euthanasie s’opposent (heureusement) à l’euthanasie involontaire. Le débat entre « pro » et « anti » euthanasie porte uniquement sur la moralité de l’euthanasie volontaire et non-volontaire.
Distinction euthanasie/acharnement thérapeutique
L’euthanasie se distingue de l’acharnement thérapeutique (parfois appelée « obstination déraisonnable ») qui consiste à pratiquer ou entreprendre des traitements ou des actes inutiles, disproportionnés visant au seul maintien artificiel de la vie. En effet l’euthanasie (même passive) implique une volonté délibérée de provoquer la mort du patient, tandis que le refus de l’acharnement thérapeutique consiste simplement à ne pas poursuivre des traitements lourds, invasifs et disproportionnés.
II-Argument central contre l’euthanasie
Il est temps à présent d’exposer mon argument central contre la légalisation de l’euthanasie. Celui-ci peut-être formalisé sous la forme d’un simple syllogisme :
- L’homicide volontaire est immoral et doit être illégal.
- Or, l’euthanasie est un homicide volontaire.
- Donc, l’euthanasie est immorale et doit être illégale (par 1 et 2)
Cet argument est logiquement valide Si l’on admet la vérité de ses prémisses, la conclusion s’impose alors nécessairement.
Par homicide volontaire, j’entends l’acte de tuer intentionnellement une personne humaine innocente.1Dès lors, la prémisse 2 de mon argument devient indéniable. En effet, l’euthanasie se définit comme « l’acte de provoquer intentionnellement la mort d’un patient […] soit par une action directe, soit en s’abstenant d’agir ». L’euthanasie peut donc parfaitement être qualifiée d’homicide volontaire puisque celui-ci consiste précisément à provoquer intentionnellement la mort d’une personne.
Ainsi, tout le débat sur la légalisation de l’euthanasie repose sur la vérité de la prémisse 1. A priori, il devrait sembler évident à toute personne de bon sens que l’homicide volontaire doit être interdit. Tuer délibérément un être humain revient à lui infliger la plus grande perte possible : la privation définitive de la totalité de son être. Le meurtre constitue donc une atteinte radicale à la dignité humaine en tant qu’il détruit et annihile complètement l’existence d’une personne unique et irremplaçable.
C’est pourquoi l’interdiction du meurtre d’une personne innocente est un des principes fondateurs de toute civilisation. Or, une loi légalisant l’euthanasie reviendrait ni plus ni moins à vouloir légaliser le meurtre dans certaines circonstances.2 Cela provoquerait un renversement total du rôle de la médecine. En effet, celle-ci a toujours été considérée comme ayant pour finalité de protéger la vie d’autrui, pas de la détruire en tuant les patients qui en font la demande. Le serment d’Hippocrate atteste clairement que la médecine, dès son origine, a pour finalité exclusive de soigner et non de tuer.3
Les problèmes juridiques
Ainsi, légaliser l’euthanasie violerait un des principes les plus fondamentaux de la justice : la protection de la vie humaine, telle qu’elle est notamment consacrée dans l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme : « La mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement… ».
C’est pourquoi, l’article R. 4127-38 du Code de la santé publique rappelle explicitement le rôle du médecin face à la fin de vie : « Le médecin doit accompagner le mourant jusqu’à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d’une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. Il n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort. »
En outre, si l’euthanasie venait à être légalisée un jour en France, cela provoquerait une véritable révolution juridique. En effet, l’article 221-1 du Code pénal dispose clairement : « Le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre ». Et l’article 221-4 poursuit : « Le meurtre est puni de la réclusion criminelle à perpétuité lorsqu’il est commis : […] 3° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur ».
Ces dispositions législatives impliquent logiquement que tout médecin pratiquant l’euthanasie commet actuellement un meurtre et s’expose à une peine de réclusion criminelle! Légaliser l’euthanasie serait donc strictement incompatible avec le Code pénal actuel et assimilable à la légalisation du meurtre.
Renversement de la charge de la preuve
À notre avis, ce sont plutôt les partisans de ce bouleversement du rôle de la médecine et de l’évolution du Code pénal qui portent la charge de la preuve. Ils doivent nous montrer que le meurtre doit être rendu légal dans certaines circonstances. Tant que les partisans de l’euthanasie n’auront pas fourni des raisons suffisantes pour justifier la mort de certains de nos concitoyens, la position anti-euthanasie doit l’emporter par défaut. En effet, tant que nous n’avons pas de bonnes raisons de légaliser le meurtre, il est rationnel de reconnaître que le meurtre doit demeurer illégal en toutes circonstances.4
Pour le moment nous nous en tiendrons à l’argument suivant :
- La légalisation de l’euthanasie implique de vouloir légaliser le meurtre dans certaines circonstances [fait juridique indéniable]
- Or, il n’existe aucune raison valable de remettre en question l’illégalité du meurtre [prémisse]
- S’il n’existe aucune raison valable de remettre en question l’illégalité du meurtre, alors le meurtre doit demeurer illégal.
- Donc l’euthanasie doit rester illégale (par 1-3)
Cet argument repose évidemment sur la vérité de la prémisse 2. Pour le réfuter, le partisan de l’euthanasie doit donc fournir des raisons solides justifiant la légalisation du meurtre dans certaines circonstances. Tant qu’il ne l’aura pas fait, notre conclusion anti-euthanasie s’impose par défaut.
Nous allons à présent examiner les raisons avancées par les partisans de l’euthanasie pour tenter de justifier la légalisation d’un meurtre dans certaines circonstances.
III-Réponses aux arguments pro-euthanasie
Méthode pour répondre aux arguments pro-euthanasie
Dans l’analyse des objections pro-euthanasie qui va suivre, il est essentiel de se demander, à chaque fois, si l’argument présenté permet réellement de réfuter notre affirmation selon laquelle « le meurtre devrait être illégal ». Si l’argument ne remet pas en cause cette prémisse, alors il est tout simplement hors sujet et impertinent dans le cadre du débat sur l’euthanasie. En revanche, si l’argument s’y attaque (au moins indirectement), il mérite alors notre attention.
Après avoir longuement écouté, lu et analysé le discours des défenseurs de l’euthanasie, il me semble que trois arguments les plus de sérieux en faveur de cette légalisation sont:
1) L’argument de la souffrance : L’euthanasie permettrait au patient d’éviter une agonie marquée par d’atroces souffrances.
2) L’argument de l’autonomie corporelle : Le choix de se faire euthanasier découlerait logiquement du principe d’autonomie corporelle. Si les individus sont libres de disposer de leur corps, alors ils devraient pouvoir choisir leur propre mort.
3) L’argument de la vie indigne d’être vécue : Certaines conditions physiques ou mentales seraient si dégradantes qu’il vaudrait mieux y mettre un terme.
Voyons ces objections dans l’ordre.
I-L’ARGUMENT DE LA SOUFFRANCE : « L’euthanasie est un acte de compassion, qui permet à une personne de mourir sans souffrances insupportables. »
En général, la plupart des partisans de l’euthanasie craignent que le patient continue à souffrir physiquement et psychologiquement si on ne met pas fin à sa vie. Ils affirment alors l’existence d’« un droit à se faire tuer » pour échapper à la souffrance.
À cela, nous pouvons répondre que les opposants à l’euthanasie ne souhaitent en aucun cas laisser les patients souffrir de manière inhumaine sur leur lit d’hôpital. Il est évidemment de notre devoir de faire tout ce qui est possible pour apaiser leur douleur, même si certains traitements peuvent parfois indirectement hâter leur mort). En revanche, affirmer qu’il faut supprimer la douleur du patient ne prouve en rien qu’il serait justifié de supprimer le patient en le tuant intentionnellement. Le médecin fidèle à sa vocation cherchera toujours à soulager la souffrance du malade sans jamais lui donner directement la mort. Comme le rappelle un dicton médical bien connu, le médecin doit « soigner, mais pas tuer ».
Les soins palliatifs et la sédation
En réponse à l’objection fondée sur la souffrance, il convient de rappeler que la médecine moderne est aujourd’hui capable de soulager les douleurs physiques grâce aux soins palliatifs. Ces soins, actifs et continus, sont dispensés par une équipe pluridisciplinaire, que ce soit en institution ou à domicile. Leur objectif est de soulager la douleur, d’apaiser les souffrances et de préserver la dignité du patient tout en accompagnant son entourage.
Un grand nombre d’options existent pour soulager la douleur : les antalgiques tels que la morphine sous toutes ses formes, les anti-inflammatoires, les antiépileptiques, les antidépresseurs et anesthésiques locaux, etc.
Il existe aujourd’hui un consensus scientifique affirmant que les soins palliatifs permettent désormais de soulager toute douleur chez le malade. Comme le confirme le CCNE lui-même dans sa préparation à la loi Claeys-Léonetti : « Les experts s’accordent pour dire que toute douleur peut aujourd’hui être soulagée par une gamme de solutions pouvant aller jusqu’à l’utilisation de techniques anesthésiques ou une chirurgie de la douleur ».5
Pour les douleurs particulièrement insupportables, les soins palliatifs peuvent recourir à la sédation profonde et continue jusqu’au décès. Celle-ci consiste à plonger le patient dans un état d’inconscience afin qu’il ne ressente plus la douleur.
D’après les docteurs Jean-Marie Gomas et Pascale Favre qui ont consacré des dizaines d’années aux soins palliatifs: « L’objectif de toute sédation est le soulagement d’un symptôme grave. Elle est un accompagnement proportionné sur le chemin du mourir qu’il ne faut pas confondre avec l’euthanasie. La sédation en phase terminale pour détresse est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de la conscience, dans le but de diminuer ou de faire disparaitre la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient […] L’euthanasie s’en différencie fondamentalement : essentiellement par son intentionnalité, qui est d’administrer la mort. »6
Il est vrai que la sédation en phase terminale peut, dans certains cas, accélérer le décès du patient. En effet, la dose de sédatif doit être progressivement augmentée et, à partir d’un certain seuil, elle peut entraîner la mort du patient comme un effet secondaire non-désiré. Certains pourraient y voir une forme d’euthanasie déguisée et dénoncer une hypocrisie. En réalité, il n’en est rien. Il existe en effet une distinction essentielle entre provoquer délibérément la mort d’autrui et anticiper la mort comme conséquence involontaire d’un traitement médical visant à soulager la souffrance.
Le principe du double effet
En philosophie morale, cette distinction repose sur le principe du double effet (PDE). Ce principe affirme que plusieurs conditions doivent être réunies pour qu’une action (comme soulager le patient) soit moralement justifiable même si elle entraîne un effet indésirable (comme son décès). Quatre conditions doivent ainsi être réunies :
- L’action elle-même doit être bonne ou moralement neutre. [C’est le cas lorsqu’on administre des sédatifs.]
- Le bon effet (soulager la douleur) doit résulter directement de l’acte (l’administration des sédatifs) et non du mauvais effet (la mort). [C’est bien le cas ici.]
- Le mauvais effet (le décès du patient) ne doit pas être directement voulu, mais seulement anticipé et toléré comme une conséquence involontaire. [C’est le cas ici.]
- Il doit exister une raison proportionnée justifiant l’acceptation de l’effet négatif. [Apaiser les souffrances d’un patient est bien une raison proportionnée.]
Dans le cadre de la sédation, toutes les conditions ci-dessus sont remplies. L’acte est donc moralement licite et se distingue fondamentalement de l’euthanasie qui ne satisfait pas aux trois premières conditions.7 Ainsi, la sédation constitue une véritable alternative au meurtre euthanasique. Elle ne vise aucunement à provoquer la mort, mais uniquement à soulager la douleur.
Les docteurs Favre et Gomas observent : « Le but de la sédation profonde est de soulager les souffrances réfractaires d’un patient proche de la fin de vie. L’intentionnalité du geste est ce seul soulagement […] Pour le médecin, la sédation profonde est un acte de soins qui est décidé en principe en concertation avec le patient. Il n’y a aucune hypocrisie à offrir à un patient qui va mourir un accompagnement attentif adapté et un soulagement proportionné de sa douleur en respectant la temporalité qui est la sienne. Le patient meurt de l’évolution de sa maladie. À l’opposé, l’euthanasie est un acte dont l’objectif est l’administration de la mort : pour être soulagé le patient est éliminé. »8
Le philosophe Jacques Ricot conclut avec justesse : « L’euthanasie ne complète pas l’accompagnement, elle le supprime. Elle ne succède pas aux soins palliatifs, elle les interrompt. Elle ne soulage pas le patient, elle l’élimine. »9
Ainsi, puisque les soins palliatifs permettent d’apaiser efficacement la souffrance physique sans pour autant légitimer l’homicide, l’argument de la souffrance, à lui seul, ne peut en aucun cas justifier l’euthanasie.
Passons à présent au deuxième argument principal avancé par les partisans de l’euthanasie.
II- L’ARGUMENT DE L’AUTONOMIE : « La société doit respecter la liberté de choix de la personne, y compris son choix de mourir. Mon corps, mon choix ! »
Cette fois ci, il ne s’agit plus d’invoquer la douleur du patient pour justifier sa mise à mort, mais de brandir les slogans individualistes de notre société libérale : l’autonomie corporelle et l’autodétermination individuelle.
L’ADMD défend également cet argument sur son site officiel : « En matière de fin de vie, la dignité vise à reconnaître à chaque individu la maîtrise sur ses choix les plus intimes. La dignité de la personne humaine protège chaque être humain pour ce qu’il est et aspire à être, tout en le jugeant capable de faire des choix autonomes. Le droit de mourir dans la dignité, c’est le droit d’être respecté dans ses volontés et sa conscience »10 ; « Après la légalisation de l’IVG, du divorce par consentement mutuel, du mariage pour tous et de tant d’autres lois de société, une grande loi de liberté en fin de vie, voulue par plus de 90% des Français, complétera la libre disposition de son corps, de sa vie et de sa mort. Les Français sont prêts ! »11
En réponse à l’argument de l’autonomie corporelle, on peut d’abord faire observer que, s’il était correct alors toute personne pourrait demander l’euthanasie à n’importe quel moment pour n’importe quelle raison, y compris pour des difficultés sentimentales ou financières. Or même les membres de l’ADMD ne vont pas jusque-là ! Leur président Jonathan Denis reconnaissait lui-même cette limite lors d’un débat avec Jean-Marie Le Méné (président de la Fondation Jérôme Lejeune), affirmant s’opposer à l’euthanasie pour les personnes simplement dépressives : « Aucun pays aujourd’hui ne dira : parce que vous avez une peine de cœur, on va vous permettre une aide active à mourir. »12
Cependant une telle affirmation est en totale contradiction avec l’argument invoqué précédemment ! En effet, si l’autonomie corporelle me conférait un droit absolu de disposer de mon corps (car « c’est ma liberté »), alors rien ne justifierait qu’on m’interdise de me tuer pour n’importe quelle raison que je jugerais valable ! Si je considérais avoir assez vécu, avoir suffisamment « profité » de la vie, alors cet argument de l’autonomie corporelle absolue impliquerait inévitablement que je devrais avoir le droit de demander à me faire tuer.
Imaginez un instant si nous allions jusqu’au bout de cette analyse. Cela signifierait que n’importe qui pourrait demander à mourir pour un chagrin d’amour, pour échapper à une dette ou encore pour éviter de payer ses charges de logement ! Ainsi, un jeune homme qui vient de se faire abandonner par sa petite amie pourrait en théorie demander l’euthanasie s’il estime souffrir d’ «une souffrance psychique inapaisable qu’il juge insupportable ». Nous connaissons tous des gens qui, emportées par leur passion amoureuse, affirment qu’ils « ne peuvent pas vivre sans elle ».
Bien sûr, l’État pourrait refuser de telles demandes, mais un tel refus reviendrait à admettre que les citoyens ne sont pas entièrement libres de disposer de leur vie à leur guise. Cela signifierait alors que les pouvoirs publics peuvent légitimement encadrer les désirs individuels et que l’autonomie corporelle n’est pas absolue.
D’ailleurs l’État français reconnait lui-même que le droit de disposer de son corps n’est pas un droit absolu puisqu’il pénalise le proxénétisme, la vente d’organes, l’achat de services sexuels et l’usage de drogues dures. Si, comme l’affirme l’ADMD, « la dignité vise à reconnaître à chaque individu la maîtrise sur ses choix les plus intimes »,alors les citoyens devraient aussi avoir le choixde vendre leurs organes, de se payer une prostituée ou de consommer librement des drogues dures (ce qui impliquerait la légalisation de l’ecstasy, de l’héroïne, de la cocaïne, du crack, etc.) ! Nous osons espérer que l’ADMD refuserait d’aller jusque-là ! Par conséquent, si elle reconnaît que l’État peut encadrer certains désirs individuels, alors elle doit admettre qu’un simple appel à l’argument de l’autonomie corporelle ou à la liberté ne suffit pas à justifier l’euthanasie.
L’autonomie corporelle et ses limites en médecine
Ajoutons aussi que l’argument de l’autonomie corporelle repose sur une équation morale fallacieuse. Ce n’est pas parce que je désire mourir que le médecin acquiert pour autant le droit de me donner la mort ! En effet, ce n’est pas parce que je désire X que cela implique que le médecin doit nécessairement m’octroyer X. Prenons deux exemples concrets pour illustrer cela.
*Supposons que je demande à mon médecin de m’amputer d’un bras parce que je « me sentirais mieux dans mon corps avec un seul bras » (admettons que je me trouve plus beau avec un seul membre). Il est évident que le médecin n’a aucune obligation de se plier à mon désir. Et pour cause je lui demanderais de réaliser un acte qui serait objectivement contraire à ma propre santé.
*Imaginons maintenant qu’un patient anorexique demande à son médecin de réduire son apport nutritionnel, convaincu d’être obèse. Il insiste, affirmant qu’il « se sentirait mieux » dans son corps en continuant à perdre du poids et invoque l’argument selon lequel « la dignité vise à reconnaître à chaque individu la maîtrise sur ses choix les plus intimes ». Dans un tel cas, il est évident que le médecin ne doit pas accéder à sa demande. Et pour cause : elle va à l’encontre du bien-être même de ce patient ! Le médecin a donc une obligation morale de refuser cette requête et de maintenir une alimentation adaptée afin que son patient puisse retrouver un poids correct.
Ces exemples montrent que certaines demandes formulées par un patient sont intrinsèquement illégitimes, en particulier lorsqu’elles contribuent à détériorer la santé du patient. Or, mettre mort un patient ne se limite pas à une simple détérioration de son état : c’est l’abolition même de sa vie. C’est pourquoi, si l’on admet que le médecin doit refuser une requête qui nuit à la condition physique de son patient, il doit aussi a fortiori refuser celle qui entraîne sa mort (celle-ci étant par nature plus radicale et irréversible qu’une simple altération physique).
Il faut donc garder à l’esprit ce principe fondamental : un patient demandant à son médecin d’accomplir un acte contraire à sa propre santé ne doit pas être exaucé. Pour la bonne et simple raison que la finalité de la médecine est de soigner et d’améliorer la condition du patient et non pas de supprimer le patient.
On ne peut pas se déposséder soi-même de ses droits fondamentaux
Enfin, il est important de rappeler également que l’autonomie personnelle n’implique nullement la possibilité de renoncer à ses propres droits fondamentaux. En effet, certains droits sont inaliénables : il nous est tout simplement impossible d’y renoncer, même volontairement. Ainsi, le droit à la liberté, le droit à un jugement équitable ou encore le droit au respect de l’intégrité corporelle sont des droits inaliénables qui ne peuvent être cédés ou suspendus par un choix individuel.
Aucun être humain ne peut choisir de renoncer à son droit à la liberté pour se faire l’esclave d’un autre. Si quelqu’un déclarait : « Je renonce à mon droit d’être libre. Je veux devenir ton esclave pour le restant de mes jours », nous réagirions tous spontanément avec une même stupeur : « Non, tu ne peux pas renoncer à ton droit à la liberté ! Il est inaliénable. Tu ne peux pas choisir de t’en déposséder toi-même ! ».
De même, comme le signale le philosophe David Oderberg, bien qu’un homme puisse renoncer à tel ou tel bien qu’il possède, il ne peut pas renoncer à son droit à la propriété en tant que tel. Un être humain peut dire : « Je vous lègue cette partie de mes biens » mais il ne peut pas dire : « Je renonce, en tant qu’être humain, à mon droit à la propriété. »13
Il en va de même pour les autres droits fondamentaux, tels que le droit à la vie ou le droit à la santé. Aucun patient ne peut dire « Je renonce à mon droit à la vie » ou « Je renonce à mon droit à la santé ». Nous ne pouvons tout simplement pas plus renoncer à ces droits que nous ne pouvons renoncer à notre droit à la liberté. Cela montre clairement que mon autonomie n’est pas absolue : je ne peux pas me déposséder moi-même de mes droits fondamentaux, car ils sont précisément ce qui fonde ma dignité en tant que personne humaine.
Par conséquent, l’argument de l’autonomie corporelle échoue à justifier la légalisation de l’homicide. La véritable liberté consiste non pas à faire absolument tout ce que l’on veut de son corps mais à choisir, dans la limite du raisonnable, entre plusieurs biens authentiques que nous offre cette vie. L’autonomie personnelle est certes importante, mais elle n’est pas absolue et il est légitime que l’État encadre certains désirs objectivement désordonnés, lorsqu’ils sont contraires au bien véritables des personnes.
Passons à présent au troisième argument que nous considérons digne de considération.
III- « Certaines personnes sont dans un état physique tellement déplorable que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Il vaut mieux en finir ! »
Cette fois-ci, il ne s’agit plus de faire appel à la souffrance ou à l’autonomie corporelle pour justifier la mise à mort du patient, mais à l’idée que sa vie « ne vaut plus la peine d’être vécue ». On entend souvent cet argument pour justifier l’euthanasie de personnes dans un état physique particulièrement dégradé. L’actrice Line Renaud le formule sans détour: « Quand il n’y a plus de qualité de vie, […] il vaut mieux partir. »14
Notons que cet argument est complètement indépendant de la question de la liberté personnelle. Il prétend se fonder sur un constat objectif – la dégradation physique du patient – pour conclure que sa vie « ne vaut pas le coup d’être poursuivie » et qu’il faudrait ainsi y mettre fin par un acte homicide. Mais un tel argument suscite alors immédiatement deux questions fondamentales : Y-a-t-il des vies qui ne valent pas la peine d’être vécues ? Et si oui, peut-on légitimement tuer les êtres humains dont on estime que leur vie ne vaut plus la peine d’être vécue ?
En réponse à la première question, certains soutiennent que « la vie d’une personne n’a de valeur que si elle-même lui en accorde ». Toutefois une telle affirmation, purement subjective, est à la fois vague et arbitraire. Si la valeur d’un être humain dépend uniquement de son ressenti personnel, comment alors justifier l’égalité fondamentale de tous les hommes ? Si une personne n’a de la valeur que si elle désire vivre, qu’en est-il de celles qui, dans un état de grande détresse, – dépressives, anorexiques, handicapées mentales ou ayant été psychologiquement manipulées – pensent que leur vie n’a pas de valeur ? Ont-elles raison ? Bien sûr que non. La valeur d’un être humain ne dépend pas de ce qu’il ressent, mais de ce qu’il est ontologiquement. Ce n’est pas notre volonté de vivre qui fonde notre dignité, mais notre nature même d’être humain.
La plupart des partisans sérieux de l’euthanasie, conscients du problème posé par un tel subjectivisme concèdent qu’on ne peut pas fonder la valeur d’une vie sur des émotions ou des ressentis individuels. C’est pourquoi certains tentent d’élaborer des critères objectifs pour évaluer si une vie « vaut la peine d’être vécue ». Mais pour cela, ils sont contraints de soutenir qu’il serait moralement licite de tuer délibérément certains êtres humains placés en dessous d’un certain seuil de souffrance ou de dégradation physique, autrement dit au bas de « l’échelle de santé ». Le problème fondamental d’une telle position est qu’il est impossible de proposer des critères véritablement objectifs et non arbitraires pour déterminer ce seuil à partir duquel une vie qui deviendrait soudainement « indigne d’être vécue ».
Certains soutiennent que le critère objectif de « perte de valeur » résiderait dans le fait qu’un individu devient totalement dépendant d’autrui – par exemple du corps médical par exemple – pour sa survie. Toutefois une telle position est intenable ; nous sommes tous dépendants à un moment donné de notre vie. Les nouveaux-nés, par exemple, sont entièrement dépendants de leurs parents (ils mourraient s’ils étaient abandonnés quelques heures sur un lit d’hôpital). Faut-il en conclure que leur vie n’a aucune valeur et ne vaut pas la peine d’être vécue ? Evidemment que non. Ni un nouveau-né ni une personne handicapée n’est « indigne » juste parce qu’ils dépendent intégralement d’autrui. Bien au contraire, leur vulnérabilité devrait nous inciter à leur accorder plus de soins, plus de présence, plus de protection.
Remarquons aussi que les jumeaux siamois dépendent corporellement l’un de l’autre pour leur survie. Et pourtant, il serait absurde de dire qu’ils perdent leur valeur morale ou leur droit à la vie simplement à cause de cette dépendance corporelle mutuelle. Notre degré de dépendance n’a donc aucune influence sur notre statut moral ; il ne diminue en rien notre dignité ni notre droit fondamental à exister.
En réalité, dans nos sociétés développées, rares sont ceux qui sauraient et qui pourraient vivre en autarcie sans dépendre de quiconque. Henri de Soos le souligne avec pertinence : « Pourquoi donc cette volonté illusoire de toute puissance, de toute maîtrise, de toute indépendance, comme si dépendre en partie d’un autre était une déchéance inacceptable pour un être humain ? Cette culture des forts ignore que des millions de personnes vivent dans la faiblesse et la vulnérabilité. »15
Même les personnes gravement malades gardent leur dignité intrinsèque !
Le meurtre d’une personne dont l’état physique est gravement amoindri ne peut se justifier que si l’on nie aux êtres leur dignité intrinsèque.16 Or il est possible de montrer que même les personnes gravement malades conservent cette dignité intrinsèque. Prenons l’exemple d’une femme, hospitalisée dans un état végétatif persistant, proche de la mort. Supposons qu’un médecin entre dans sa chambre et ait des rapports sexuels avec elle alors qu’elle est inconsciente. Tout le monde reconnaîtra qu’il s’agit d’un viol et que cette femme a été gravement atteinte dans sa dignité et dans ses droits fondamentaux. Le fait qu’elle soit dans un état végétatif persistant ou en fin de vie ne change rien à la gravité de l’acte : sa dignité demeure, indépendamment de sa conscience ou de son état physique. Cela démontre bien que même au plus bas de « l’échelle de santé », une personne conserve pleinement ses droits fondamentaux. Par conséquent, si l’on admet qu’une femme inconsciente a encore le droit de ne pas être intentionnellement violée en raison de sa dignité persistante malgré son état physique, alors on doit admettre – à fortiori – qu’elle a le droit de ne pas être intentionnellement tuée ; le meurtre est une atteinte encore plus radicale que le viol.
Si le droit à la vie – c’est-à-dire le droit de ne pas être intentionnellement tué – est véritablement inaliénable pour tous, alors tous les êtres humains partagent une égalité fondamentale, morale et juridique. Cependant, si ce droit à la vie est jugé inaliénable pour une certaine catégorie de personnes – les bien-portants –), et aliénable pour une autre les personnes en mauvaise santé) alors cela signifie que tous les êtres humains ne bénéficient pas du même niveau de protection face au meurtre.
Ainsi une loi légalisant l’euthanasie diviserait la famille humaine en deux catégories de personnes : celles qui ont une valeur fondamentale et celles dont la valeur serait niée. L’humanité se retrouverait alors scindée entre les personnes qui méritent une protection absolue contre l’homicide, et celles à qui cette protection serait refusée sous prétexte que « leur vie n’en vaut pas la peine ». Une telle loi renforcerait donc l’inégalité juridique entre les êtres humains.
Au contraire, dans une société réellement respectueuse de la dignité humaine et des droits fondamentaux, chaque membre de la famille humaine – quelque soit son état de santé, son handicap, son âge, sa religion, – devrait conserver un droit à la vie inaliénable. Les lois interdisant le meurtre pour tous traduisent avec justesse l’égalité fondamentale entre tous les êtres humains : chacun, quelle que soit sa condition physique, mérite d’être respecté et protégé contre l’homicide.
L’erreur centrale des défenseurs de l’euthanasie consiste à confondre la valeur intrinsèque de la personne avec sa valeur instrumentale. Affirmer que l’être humain est intrinsèquement digne, c’est dire qu’il possède une valeur en vertu de ce qu’il est, simplement parce qu’il est humain, et non à cause de ce qu’il fait ou produit. Cette dignité ne disparaît pas quand la personne est en mauvaise santé, affaiblie ou inconsciente. Elle ne dépend ni de l’utilité sociale, ni de la performance physique, ni de la conscience de soi.
Les docteurs Favre et Gomas remarquent très justement : « La notion de dignité est avant tout une valeur ontologique, intrinsèque à l’humanité […] Mise en exergue par la Déclaration Universelle des droits de l’homme aux lendemains de la seconde Guerre Mondiale, la dignité désigne la valeur inconditionnelle de toute être humain qui ne peut jamais lui être ôtée. Dans cette acception, elle ne dépend ni du statut social ni de l’état de santé de la personne et ne peut se perdre. »17
Ainsi une loi qui enseigne que certaines vies comptent mais que certaines personnes « feraient mieux d’être mortes », sape ipso facto le fondement de l’égalité ontologique entre les hommes. Si l’on veut rester fidèle à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, nous devons soutenir que même les patients gravement malades gardent leur dignité. Cette Déclaration reconnaît en effet « la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et leurs droits égaux et inaliénables». Son article 3 affirme: « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. ». Par conséquent, la Déclaration reconnaît que chaque membre de la famille humaine a un droit à la vie égal et inaliénable – dont il est impossible de se déposséder –, ce qui implique une protection absolue contre l’homicide. Ainsi, il est donc, en principe, impossible de se réclamer de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de soutenir que certains de nos concitoyens méritent d’être tués à cause de leur état physique dégradé.
Les partisans de l’euthanasie se trouvent donc face à dilemme : accepter la Déclaration universelle des droits de l’homme et rejeter l’euthanasie ou accepter l’euthanasie, ou accepter l’euthanasie et rejeter la Déclaration universelle des droits de l’homme. Entre les droits de l’homme et l’euthanasie, il faut choisir !18
Un mot de la fin sur la souffrance
Je pense avoir suffisamment démontré, dans cet article le bienfondé de la position anti-euthanasie. Ne tuons pas nos patients, soignons les ! En guise de conclusion, je laisserai le mot de la fin à Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique, qui nous livre ce témoignage bouleversant : « N’abolissez pas nos vies ! Surtout pas celles des plus fragiles. Vous ne vous rendez pas compte du désastre que provoque chez les personnes qui se débattent avec des vies difficiles votre soutien à l’euthanasie ou au suicide assisté comme des morts « libres, dignes et courageuses » ? Aurai-je manque de dignité, de courage et de liberté en restant en vie, moi l’intouchable, 100% dépendant de l’aide d’autrui pour vivre en société ? Plus d’un quart de siècle de tétraplégie, marqué – j’ose le dire – par autant de joies que de douleurs réelles, m’a vacciné contre le piège du mot « liberté ». En toute liberté, après mon accident, quand je ne voyais pas de sens à cette vie de souffrance et d’immobilité, j’aurais exigé l’euthanasie si on me l’avait proposée. En toute liberté j’aurais cédé à la désespérance, si je n’avais pas lu, dans le regard de mes soignants et de mes proches un profond respect de ma vie, dans un état lamentable dans lequel j’étais. Leur considération fut la lumière qui m’a convaincu que ma propre dignité était intacte. Ce sont eux – et tous ceux qui m’aiment – qui m’ont donné le goût de vivre. » (Appel de Philippe Pozzo di Borgo, le 8 avril 2021)
- Ici le concept d’innocence se réfère à l’absence de crime commis. Ainsi, ma prémisse ne prend pas position sur le débat concernant la peine de mort. Bien que partisans et opposants de la peine de mort divergent sur la moralité de l’exécution des grand criminels, ils s’accordent néanmoins sur le fait qu’il est immoral de tuer une personne qui n’a commis aucun crime. Et cela suffit à établir notre conclusion anti-euthanasie. ↩︎
- J’utilise le mot meurtre et homicide de manière interchangeable, conformément à l’article 221-1 du Code pénal actuellement en vigueur qui dispose « Le fait de donner la mort à autrui [homicide] constitue un meurtre ». ↩︎
- « Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison [pharmakon thanasimon], si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté » (Serment d’Hippocrate, IVe siècle avant J.-C.). En réalité, la traduction littérale de pharmakon thanasimon est plutôt « drogue mortelle » ou « drogue homicide » (Cf. Bruno Couillaud, Manières de Pensées, arguments et tromperies en bioéthique, François Xavier de Guibert, 2013 p. 55) ↩︎
- les seuls cas où il semble envisageable de tuer un être humain sont :
En cas de légitime défense.
En cas de guerre juste (sauf s’il on adopte la thèse pacifiste)
Possiblement en cas de peine de mort pour les grands criminels (nous laissons cette question ouverte aux lecteurs qui y seraient favorables)
Cependant, ce qui justifie ces exceptions, c’est précisément que la personne mise à mort est, dans le cas de la légitime défense et de la peine de mort, un agresseur ou un criminel coupable d’un crime majeur. Dans le cadre d’une guerre juste, le recours à la force est permis pour défendre un bien supérieur, même si cela implique parfois de tuer des combattants qui ne sont pas individuellement coupables d’un crime. Dans tous les cas, cela reste fondamentalement différent du fait de tuer directement et volontairement une personne humaine innocente. ↩︎ - Cité dans Henri de Soos, L’impasse de l’euthanasie, op. cit., p. 124 ↩︎
- Dr Jean-Marie Gomas et Dr Pascale Favre, Fin de vie, Peut-on choisir sa mort ?, op. cit., p. 37-39 ↩︎
- [18] L’euthanasie viole en effet les trois premières conditions du principe du double effet :
L’action elle-même doit être bonne ou moralement neutre. [Ce n’est pas le cas lorsqu’on injecte un poison pour tuer le patient.]
Le bon effet (soulager la douleur) doit résulter directement de l’acte (l’administration des sédatifs) et non du mauvais effet (la mort). [Ce n’est pas le cas dans l’euthanasie où le soulagement de la douleur résulte directement de la mort.]
Le mauvais effet (la mort du patient) ne doit pas être directement voulu, mais seulement anticipé et toléré comme une conséquence involontaire. [C’est n’est pas le cas dans l’euthanasie, où la mort du patient est intentionnellement recherchée.] ↩︎ - Dr Jean-Marie Gomas et Dr Pascale Favre : Fin de vie, Peut-on choisir sa mort ?, op. cit., p. 75-77 ↩︎
- Jacques Ricot, « La vie humaine et médecine », revue Esprit, août-septembre 2001 ↩︎
- https://www.admd.net/sites/default/files/2023-05/id%C3%A9es%20re%C3%A7ues%20sur%20la%20fin%20de%20vie.pdf ↩︎
- https://www.admd.net/sites/default/files/2023-05/id%C3%A9es%20re%C3%A7ues%20sur%20la%20fin%20de%20vie.pdf ↩︎
- https://www.youtube.com/watch?v=K9kRM2tjCo8&t=753s à 39 mn45 ↩︎
- David Oderberg, Applied Ethics, A Non-Consequentialist Approach, Blackwell publishers, 2000, p. 56 ↩︎
- https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/il-vaut-mieux-partir-la-prise-de-position-de-line-renaud-sur-le-droit-de-mourir-dans-la-dignite-2139699 ↩︎
- Henri de Soos, l’impasse de l’euthanasie, Salvator, 2022, p. 195 ↩︎
- En effet, si tous les êtres humains possèdent une dignité intrinsèque, alors le meurtre délibéré d’une personne innocente est gravement immoral puisqu’il consiste à détruire intentionnellement un être humain ayant une valeur inestimable. ↩︎
- Fin de vie : peut-on choisir sa mort ?, op. cit., p. 90-91 ↩︎
- On pourrait bien sûr objecter que les Droits de l’homme et la dignité humaine ne sauraient être fondés en dehors d’une source transcendante et objective du bien que l’on appelle « Dieu ». En ce sens, l’existence d’un Dieu créateur serait nécessaire pour fonder ontologiquement la dignité humaine. Bien que cette thèse nous semble plausible (cf. notre défense de l’argument moral dans notre livre Soyez Rationnel, devenez catholique !), nous n’insisterons pas dessus ici, puisque le but de ce livre n’est pas de donner un fondement ontologique aux droits de l’homme, mais de partir de prémisses déjà admises par notre République laïque qui affirme leur réalité. Ainsi, même si nous pensons que l’humanisme athée ne peut, en définitive, justifier la notion de dignité humaine sans Dieu, nous concédons ici qu’une telle chose est possible, étant donné que notre république actuelle a adhère à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Ainsi, toute loi s’opposant à cette Déclaration serait en elle-même « anti-républicaine » et « contraire aux valeurs de la république ». Notre argument consiste donc à montrer que la République ne peut légaliser l’euthanasie sans s’auto-contredire dans ses principes fondamentaux. ↩︎