
Beaucoup de catholiques modernes, mal renseignés en théologie, pensent que la démarche apologétique consistant à prouver la crédibilité de la foi catholique par la raison est contraire au christianisme authentique. Selon eux, l’idée même que l’on puisse démontrer l’existence de Dieu et l’origine divine de la religion chrétienne par des arguments leur fait hérisser les poils. En réalité, ces « catholiques » qui réduisent la foi à une pure émotion subjective contredisent frontalement l’enseignement de leur propre Eglise.
En effet l’Eglise enseigne dogmatiquement:
- Qu’il est possible de prouver l’existence de Dieu par la raison naturelle
- Qu’il existe des « preuves extérieures » de la révélation et qu’il est possible de « montrer l’origine divine de la religion chrétienne par les seules lumières naturelles de la raison » (Pie XII, Humani Generis).
Prouvons ces deux points.
I. La possibilité de prouver l’existence de Dieu
Concile Vatican I, constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger 3004 : « La sainte Mère Église, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude1 par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées, car, « depuis la création du monde, ce qu’il y a d’invisible se laisse voir à l’intelligence grâce à ses œuvres » (Rm 1, 20). »
Concile Vatican I, constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger 3026 : « Si quelqu’un dit que le Dieu unique et véritable, notre Créateur et Seigneur, ne peut être connu avec certitude par ses œuvres grâce à la lumière naturelle de la raison humaine, qu’il soit anathème. »
Concile Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum 6 : « Le saint Concile reconnaît que « Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine àpartir des choses créées » (cf. Rm 1, 20). »
Pie XII, encyclique Humani Generis : « On sait combien l’Église estime la raison humaine dans le pouvoir qu’elle a de démontrer avec certitude l’existence d’un Dieu personnel, de prouver victorieusement par les signes divins les fondements de la foi chrétienne elle-même, d’exprimer exactement la loi que le Créateur a inscrite dans l’âme humaine et enfin de parvenir à une certaine intelligence des mystères, qui nous est très fructueuse. »
Saint Pie X, serment anti-moderniste, Denzinger 3538 :
« Et d’abord, je professe que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu, et par conséquent aussi, démontré à la lumière naturelle de la raison « par ce qui a été fait » (Rm 1, 20), c’est-à-dire par les œuvres visibles de la création, comme la cause par les effets. »
Catéchisme de l’Église Catholique actuel, § 31 :
« Créé à l’image de Dieu, appelé à connaître et à aimer Dieu, l’homme qui cherche Dieu découvre certaines « voies » pour accéder à la connaissance de Dieu. On les appelle aussi « preuves de l’existence de Dieu« , non pas dans le sens des preuves que cherchent les sciences naturelles, mais dans le sens d’ »arguments convergents et convaincants » qui permettent d’atteindre à de vraies certitudes. »
II. La possibilité de prouver l’origine divine de la religion chrétienne
Concile Vatican I, constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger 3009 : « « Néanmoins, pour que l’hommage de notre foi soit conforme à la raison (Rm 12, 1), Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit soient accompagnés de preuves extérieures de sa Révélation, à savoir des faits divins et surtout les miracles et les prophéties qui, en montrant de manière impressionnante la toute-puissance de Dieu et sa science sans borne, sont des signes très certains de la Révélation divine, adaptés à l’intelligence de tous. »
Concile Vatican I, constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger 3013 : « Car c’est à l’Eglise catholique seule que se réfèrent tous ces signes si nombreux et si admirables disposés par Dieu pour faire apparaître avec évidence la crédibilité de la foi chrétienne. Bien plus, l’Église, à cause de son admirable propagation, de son éminente sainteté et de son inépuisable fécondité en tout bien, à cause aussi de son unité catholique et de son invincible fermeté, est par elle-même un grand et perpétuel motif de crédibilité et un témoignage irréfutable de sa mission divine. »
Concile Vatican I, constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger 3019 : « Non seulement, la foi et la raison ne peuvent jamais être en désaccord, mais encore elles s’aident mutuellement. La droite raison démontre les fondements de la foi, et, éclairée par la lumière de celle-ci, elle s’adonne à la science des choses divines. Quant à la foi, elle libère et protège la raison des erreurs et lui fournit de multiples connaissances. »
Concile Vatican I, constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger 3033 : « Si quelqu’un dit que la Révélation divine ne peut être rendue croyable par des signes extérieurs et que, dès lors, les hommes doivent être poussés à la foi uniquement par leur expérience intérieure personnelle ou par une inspiration privée, qu’il soit anathème. »
Concile Vatican I, constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger 3034 : « Si quelqu’un dit que les miracles ne peuvent jamais être connus avec certi- tude ni servir à prouver efficacement l’origine de la religion chrétienne, qu’il soit anathème. »
Pie IX, encyclique Qui pluribus, Denzinger 2779 :
« Combien nombreux, admirables, splendides sont les arguments qui doivent très nettement convaincre la raison que la religion chrétienne est divine, et que « le principe de nos dogmes s’enracine en haut, dans le Seigneur des cieux », que dès lors rien n’est plus certain que notre foi, rien n’est plus sûr ; rien n’est plus saint, rien ne repose sur des principes plus fermes. »
Saint Pie X, serment antimoderniste, Denzinger 3539 :
«[…] je reconnais les preuves extérieures de la Révélation, c’est-à-dire les faits divins, particulièrement les miracles et les prophéties comme des signes très certains de l’origine divine de la religion chrétienne et je tiens qu’ils sont tout à fait adaptés à l’intelligence de tous les temps et de tous les hommes, même ceux d’aujourd’hui. »
Pie XII, encyclique Humani Generis :
« On sait combien l’Église estime la raison humaine dans le pouvoir qu’elle a de démontrer avec certitude l’existence d’un Dieu personnel, de prouver victorieusement par les signes divins les fondements de la foi chrétienne elle-même, d’exprimer exactement la loi que le Créateur a inscrite dans l’âme humaine et enfin de parvenir à une certaine intelligence des mystères, qui nous est très fructueuse. »
« Bien plus, l’esprit humain peut éprouver parfois des difficultés à formuler un simple jugement certain de « crédibilité » au sujet de la foi catholique, encore que Dieu ait disposé un grand nombre de signes extérieurs éclatants qui nous permettent de prouver, de façon certaine, l’origine divine de la religion chrétienne avec les seules lumières naturelles de notre raison. »2
Cette dernière phrase est fondamentale et résume toute la démarche de l’apologétique catholique.
Conclusion
En conclusion, les catholiques qui affirment que montrer la crédibilité de la foi chrétienne par la raison est contraire à la foi authentique, contredisent l’enseignement de leur propre Eglise. Un grand nombre de ces catholiques sont tout simplement ignorants en la matière et n’ont jamais lu les enseignements officiels du magistère à ce sujet. Il serait grand temps qu’ils se forment sur ces questions et qu’ils cessent d’embêter les apologètes qui, eux, défendent fidèlement l’enseignement véritable de l’Eglise.
- Par « certitude », il faut entendre « la fermeté de l’adhésion de l’esprit à du connaissable, sans aucune crainte de se tromper ». Voir abbé Bernard Lucien, Apologétique. La crédibilité de la révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, éditions Nuntiavit, 2011, p.185- 192, pour un exposé sur les différents types de « certitudes ». ↩︎
- Attention, il faut bien noter que le fait que la révélation soit démontrable par des signes extérieurs objectifs n’implique pas que la foi soit contrainte et que l’homme ne soit plus libre de croire: « Si quelqu’un dit que l’assentiment de la foi chrétienne n’est pas libre, mais qu’il est produit nécessairement par les arguments de la raison humaine, ou que la grâce de Dieu est seulement nécessaire pour la foi vivante qui opère par la charité (Ga 5, 6), qu’il soit anathème. » (Concile Vatican I, constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger, 3035) ↩︎