Certains fidèles de la FSSPX s’offusquent lorsqu’on évoque une tendance sédévacantiste au sein de la fraternité. Toutefois, j’aimerais démonter ici que cette accusation n’est pas si infondée s’il on suit la cohérence logique des positions de Mgr. Lefebvre. En effet, ce dernier a affirmé dans l’homélie des sacres de 1988: « Tous ces séminaristes qui sont ici présents, si demain le Bon Dieu me rappelle, et ce sera sans doute sans tarder, eh bien, ces séminaristes de qui recevront-ils le sacrement de l’ordre ? Des évêques conciliaires, DONT LES SACREMENTS SONT TOUS DOUTEUX, parce qu’on ne sait pas exactement quelles sont leurs intentions ? »
Réfléchissons aux implications logiques de ces propos. Si les ordinations réalisées par les évêques conciliaires sont « toutes douteuses » alors Léon XIV est douteusement pape car douteusement prêtre (il a été ordonné en 1982 par l’évêque conciliaire Jean Jadot dans le nouveau rite Paul VI). Et même s’il était vraiment prêtre, il serait douteusement évêque car il a été sacré dans le nouveau rite en 2014 par un autre évêque conciliaire (James Patrick Green) « dont on ne sait pas quelles sont les intentions« .
Conclusion logique: la FSSPX est douteusement sédévacantiste!
Objection
Ici un fidèle de la FSSPX pourrait objecter que l’on ne peut pas se fonder sur un discours oral de Mgr. Lefebvre pour fonder la position universelle de toute la FSSPX.
Réponse
A cette objection je répondrai deux choses.
Premièrement, il ne n’agit pas simplement d’un simple discours oral improvisé mais bien de l’Homélie des sacres que Mgr. Lefèbvre a du longuement préparer à l’écrit (il s’agissait de l’homélie la plus importante et symbolique de sa vie). Il est donc absurde de croire que Mgr. Lefebvre parlait sans réfléchir: il savait parfaitement ce qu’il disait.
Deuxièmement les autorités les plus importantes de la FSSPX confirment cette position sur les ordinations conciliaires douteusement valides.
Citons l’abbé Gleize, théologien officiel de la FSSPX, professeur de d’ecclésiologie et de dogmatique au séminaire d’Écône qui nous fait l’exégèse du passage susmentionné: « C’est ainsi qu’il faut comprendre ce qu’a dit Mgr Lefebvre lors de la cérémonie des sacres du 30 juin 1988. Parlant des évêques conciliaires, il a déclaré que leurs sacrements « sont tous douteux » et la raison qu’il en a donnée est que « l’on ne sait pas exactement quelles sont leurs intentions ». Précisément, leurs intentions sont douteuses dans la mesure exacte où les nouveaux rites réformés par Paul VI sont douteux. Nous savons qu’il y a un doute, concernant la validité, pour les deux sacrements de l’extrême-onction et de la confirmation, en raison de la matière. Il y a aussi un doute pour le sacrement de l’eucharistie, pour la messe, en raison de l’ambiguïté du nouveau rite, qui peut fausser l’intention du célébrant. Quant au sacrement de l’ordre, la problématique, s’il en est une, est analogue à celle de la messe : on ne saurait juger de la validité qu’au cas par cas des célébrations concrètes » (Abbé Gleize, Courirer de Rome mars 2023, « Tous douteux III )
Mgr Tissier de Mallerais avouait lui aussi en 2016 que les prêtres ordonnés par les évêques conciliaires n’étaient probablement pas de vrais prêtres: « ce nouveau rite d’ordination n’est pas catholique. Et donc nous continuerons bien sûr fidèlement à transmettre le sacerdoce réel et valide, par le rite traditionnel de l’ordination sacerdotale » (Homélie du 29 Juin 2016 à Ecône).
L’abbé Chautard, directeur de l’institut universitaire saint Pie X, lui, remet aussi en question la validité du rite de consécration épiscopale des évêques sacrés selon le nouveau rite de 1968. Dans le Catéchisme des vérités opportunes adressé au ralliés il écrit: « on peut avoir un doute sur le sacerdoce de clercs ralliés [Ex Ecclesia Dei] qui ont été ordonnés par des évêques eux-mêmes douteusement sacrés en raison d’intentions équivoques et du nouveau rite des sacres épiscopaux (après 1968).« 1
Ainsi, l’abbé Gleize, l’abbé Chautard et Mgr. Tissier se situent dans la parfaite continuité avec la citation de Mgr Lefebvre susmentionnée: les ordinations réalisées par les évêques conciliaires sont douteusement valides. Ce qui implique logiquement que Léon XIV est douteusement pape (car pour être Pape, c’est à dire l’évêque de Rome, il faut recevoir à un moment ou un autre l’ordination sacerdotale et épiscopale).
Il n’y a pas moyen d’échapper à cette conclusion logique: la FSSPX est douteusement sédévacantiste (bien qu’elle n’ose pas affirmer cette position publiquement pour des raisons prudentielles).
Notons aussi, au passage, que si la position de l’abbé Chautard est vraie, alors Benoit XVI était également douteusement pape puisqu’il a été sacré évêque dans le nouveau rite par Josef Stangl le 28 mai 1977. Ratzinger était donc un évêque « douteusement sacré en raison d’intentions équivoques et du nouveau rite des sacres épiscopaux (après 1968)«
CQFD!
- https://www.fichier-pdf.fr/2019/10/17/catechisme—les-rallies/ ↩︎