
Introduction et contexte
Dans notre société, beaucoup de personnes demeurent dans l’incompréhension, voir dans l’hostilité à l’égard de la doctrine de l’Eglise catholique sur la sexualité. En particulier, l’immoralité de l’homosexualité de la contraception de la masturbation ou des relations sexuelles hors mariage, demeurent incomprises par le grand public. On entend souvent dire « Tant que cela fait du mal à personne ou que les gens sont consentants, je ne vois pas le problème ! ». Mais alors, pourquoi l’Eglise s’obstine-t-elle à condamner de telles pratiques qui semblent pourtant inoffensives ? La position catholique est-elle irrationnelle ? Nous allons voir qu’en réalité, c’est tout le contraire.
Tout d’abord prenons un peu de recul. Avant de traiter de la moralité de tel ou tel acte lié à la sexualité, il nous faut d’abord nous poser une question plus générale : Quand est-ce que l’acte sexuel est moralement permis ? En d’autres termes, quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes pour que l’acte sexuel soit moralement acceptable ? Cette question est fondamentale avant de répondre aux autres. Par exemple, on ne peut pas se demander si l’homosexualité est moralement acceptable si l’on ne sait pas ce qui rend la sexualité moralement acceptable en général.
Le consentement
A la question « Quand est-ce que l’acte sexuel est moralement permis ? » la société a tendance à nous donner la réponse du consentement : « Tant que les personnes sont consentantes ou que l’acte ne fait du mal à personne, alors l’acte sexuel est moralement permis», nous dit-on.
Mais il suffit de réfléchir un peu à cette affirmation pour se rendre compte qu’elle est fausse. En effet si le simple consentement était une condition suffisante à la moralité d’un acte sexuel alors l’inceste consentant entre un père de 50 ans et sa fille de 25 ans serait moralement acceptable. Or, il est clair que les rapports sexuels entre membres d’une même famille sont inacceptables, même si ces rapports sont réalisés entre personnes consentantes. Le consentement mutuel n’est donc pas une condition suffisante.1
Pareillement le critère de « ne faire du mal à personne » est insuffisant pour fonder la moralité de la sexualité. En effet, s’il suffisait de ne faire du mal à personne pour agir moralement en matière sexuelle, alors les relations sexuelles avec les animaux morts et les êtres humains décédés seraient moralement acceptables. Or, il est évident que la zoophilie et que la nécrophilie sont des actes immoraux.
Il faut donc d’autres critères supplémentaires en plus du consentement et de l’absence de mal causé à autrui pour rendre l’acte sexuel moralement acceptable (ces critères sont nécessaires mais non-suffisants).
Certains pourraient alors rétorquer qu’il suffit qu’il y ait un consentement mutuel entre des personnes qui ne font pas partie de la même famille. Autrement dit : un consentement non-incestueux qui ne fait du mal à personne suffirait à rendre l’acte sexuel moralement acceptable.
Or même ce critère peut succomber à de nombreux contre exemples. En effet, si le critère du consentement non-incestueux était suffisant, alors la polygamie et les relations sexuelles à plusieurs seraient moralement acceptables. Bien sûr, ces implications ne seront pas susceptibles de troubler beaucoup de nos contemporains. En revanche, il existe une implication logique du critère du consentement non-incestueux beaucoup plus difficile à accepter : la moralité de l’adultère consentant.
L’immoralité de l’adultère (largement encore accepté dans notre société) montre que la sexualité n’est pas simplement fait pour le plaisir mutuel consentant. Si la sexualité était uniquement faite pour le plaisir mutuel consentant, alors les gens ne s’offusqueraient pas autant lorsqu’ils apprennent qu’ils ont été trompés par leur partenaire. Cette immense douleur ressentie suite à un adultère, est un indicateur précieux qui démontre que la sexualité a une signification spéciale qui va largement plus loin que le simple plaisir mutuel consentant.
Ce qui rend la sexualité spéciale
Certains diront que la sexualité a une signification spéciale parce qu’elle permet d’exprimer un lien émotionnel fort et intime avec une personne. Ce serait en revanche une réponse insuffisante. En effet, nous pouvons tout à fait avoir des liens émotionnels forts et intimes avec un grand nombre de personnes avec qui il serait immoral d’avoir des relations sexuelles (amis, cousins, famille, etc.). Mais alors ? Qu’est-ce qui distingue la sexualité des autres formes de liens affectifs et intimes ? Qu’est-ce qui rends la sexualité si spéciale ?
La réponse est que l’acte sexuel est naturellement ordonné à la possibilité de créer un nouvel être humain. Cette vérité anthropologique est très importante. Si l’acte sexuel est naturellement ordonnée à la possibilité de la procréation, cela signifie que l’on ne peut pas avoir des relations sexuelles avec n’importe qui. En d’autre termes, on ne peut pas s’engager dans un acte pouvant potentiellement créer une personne humaine sans être prêt à en assumer les conséquences qui en découlent, c’est-à-dire sans être prêt à élever cet enfant dans le cadre d’un amour stable avec une saine responsabilité parentale.
Bien sûr, beaucoup de personnes répondrons qu’il est possible d’éviter ces conséquences en faisant usage de la contraception. Le problème est que même en admettant que la contraception soit moralement acceptable, son usage n’est pas fiable à 100%. D’ailleurs les défenseurs de l’avortement rappellent bien que, parmi les grossesses non prévues, deux tiers surviennent chez des femmes utilisant une contraception.2 Sur les 237 000 avortements réalisés en France en 2009, 72% des femmes étaient sous contraception. Ainsi, près de trois avortements sur quatre est dû à l’échec de la contraception. Voilà une preuve manifeste que les méthodes de contraceptions ne sont pas toutes très fiables !
La seule méthode 100% fiable pour ne pas concevoir d’enfants est celle de l’abstinence. A partir du moment où vous vous engagez dans une relation sexuelle, vous devez savoir que cet acte peut avoir pour conséquence potentielle la création d’un enfant dépendant de vous.3 Et comme l’avortement est immoral en tant que meurtre délibéré d’un être humain innocent, il s’ensuit que toute femme a l’obligation morale de poursuivre sa grossesse à terme si elle tombe enceinte. Le couple devra alors élever cet enfant dans les meilleures conditions possibles. Et ces enfants ont le droit d’être élevés dans un cadre d’amour stable avec une saine responsabilité parentale.
L’argument contre les relations sexuelles hors mariage
On peut résumer l’argument de la manière suivante :
- L’avortement est immoral (car il consiste à tuer intentionnellement un être humain innocent).4
- Si l’avortement est immoral, toute grossesse doit être menée à terme.
- Donc toute grossesse doit être menée à terme.
- Les relations sexuelles peuvent potentiellement mener à une grossesse (les moyens de contraception ne sont pas fiables à 100%). [fait scientifique]
- Par conséquent, si quelqu’un s’engage dans une relation sexuelle, cette personne doit être prête à potentiellement mener une grossesse à terme. (par 3 et 4)
- Tous les nouveau-nés ont le droit d’être élevés dans le cadre d’un amour stable avec une saine responsabilité parentale.
- Donc si quelqu’un s’engage dans une relation sexuelle, cette personne doit s’assurer que l’enfant qui pourrait en découler puisse être élevé dans le cadre d’un amour stable avec une saine responsabilité parentale. (par 5 et 6)
On comprends alors pourquoi l’Eglise catholique demande aux personnes d’attendre le mariage avant d’avoir des relations sexuelles. Les enfants qui découlent de cette union charnelle on le droit d’être élevé dans le cadre de cet amour parental stable. Et quoi de mieux que le mariage pour ancrer cette stabilité dans le marbre! Traditionnellement, le mariage caractérise parfaitement cette stabilité du couple et permet d’encadrer les enfants dans les meilleures conditions possibles d’unité. La doctrine catholique s’opposant à la fornication est donc rationnellement fondée.
Qu’en est-il de l’homosexualité et des autres pratiques sexuelles non-procréatrices ?
L’argument que nous venons de donner suffit à montrer l’immoralité d’une sexualité en dehors d’un engagement stable (voir définitif) mais le lecteur attentif remarquera qu’il n’est pas suffisant pour fonder l’immoralité de l’homosexualité, ou d’autres pratiques sexuelles non procréatrices. Il nous faut donc en dire plus pour analyser la moralité (ou non) des actes homosexuels. Pour cela, il nous faut reprendre les choses depuis le début en se posant la question des finalités de la sexualité.
A quoi sert la sexualité ?
Nos organes ont tous leur propre finalité(s). Mon cœur sert à pomper mon sang, mes yeux servent à voir, mes oreilles servent à entendre, mes poumons à respirer, etc. Bref, nos facultés corporelles ont, ce qu’Aristote appel un telos, c’est-à-dire une (ou des) finalité(s) intrinsèque(s) à eux-mêmes.5 Vient alors la question suivante : à quoi servent mes facultés sexuelles? Quelle est leur finalité(s)? La réponse peut sembler fort simple : au plan naturel, mes organes sexuels sont ordonnés à la procréation et à manifester un attachement intime avec une personne (à travers le plaisir de l’union charnelle).
Ainsi, au plan naturel, la sexualité humaine a pour finalités: 1) la procréation et 2)l’expression d’un attachement intime et fort avec une personne. Et ces deux finalités coexistent dans un seul et même acte. Dieu a voulu que ces dernières soient unies et non pas séparées.6 Par conséquent, si nous voulons respecter les finalités que Dieu a inscrites dans la sexualité, alors il serait immoral de venir s’opposer activement à une de ces finalités. Cela ne signifie évidemment pas que tout acte sexuel doit nécessairement mener à un enfant (Dieu a sagement créé la femme avec des périodes infertiles pour réguler les naissances).7 Cela signifie uniquement qu’on l’on ne doit pas choisir de s’opposer délibérément pas à une des finalités de notre sexualité (ni à sa finalité procréative, ni à sa finalité unitive).
On peut alors résumer l’argument de la manière suivante.
- Au plan naturel, l’une des finalités de l’acte sexuel est la procréation [prémisse biologique indéniable]
- Or toute action qui vient s’opposer activement à une des finalités naturelles d’une faculté corporelle est immorale.
- Donc toute action qui s’oppose activement à la finalité procréatrice d’un acte sexuel est immorale (par 1 et 2)
- Les actions comme l’homosexualité, la masturbation, la contraception artificielle, la zoophilie, l’onanisme, etc, s’opposent activement à la finalité procréatrice de la sexualité (et dans un certain sens, sa finalité unitive).
- Donc l’homosexualité, la masturbation, la contraception artificielle, la zoophilie, l’onanisme, etc, sont des actes immoraux (par 3 et 4).
L’argument est logiquement valide. Voyons les prémisses.
La proposition 1 est incontestable. Il s’agit là d’un fait que n’importe quelle personne (même athée) devrait admettre. Il est évident que l’un des buts de la sexualité chez l’homme comme chez l’animal est la reproduction. Que certains choisissent délibérément d’avoir des relations sexuelles sans avoir l’intention de se reproduire ne remet aucunement en question cette prémisse. Que l’on le veuille ou non, l’acte sexuel reste naturellement ordonné à la possibilité de la procréation. Bien sûr, un acte sexuel particulier peut être incapable d’aboutir à une conception parce que les organes sexuels ont été endommagés ou usés par l’âge. Mais cela ne change rien au fait qu’ils sont, par nature, ordonnés à la procréation. De même les oreilles d’une personne sourde resteront, par nature, « faites » pour entendre. Ainsi, la proposition : « l’acte sexuel a pour finalités l’union et la procréation » est une vérité du même type que la proposition : « les êtres humains peuvent entendre» ou « les chiens ont 4 pattes ». Ces affirmations universelles demeurent vraies, même s’il existe des personnes stériles, sourdes et des chiens ayant perdu une jambe.
La prémisse 4 est évidente elle aussi: toutes les actions comme l’homosexualité, la masturbation, la contraception artificielle, la zoophilie, l’onanisme s’opposent activement à la finalité procréatrice de l’acte sexuel. La masturbation s’oppose non seulement à la finalité procréatrice mais aussi à la finalité unitive de la sexualité dans la mesure où le plaisir n’est pas partagé avec un autre, mais est gardé égoïstement pour soi. Les actes homosexuels s’opposent eux aussi à la procréation et refusent l’union charnelle complémentaire qui ne peut qu’exister entre un homme et une femme. Enfin, la contraception s’oppose elle aussi à la finalité procréatrice de l’acte sexuel. Elle bloque délibérément le processus naturel de la conception. Certaines formes de contraception empêchent eux aussi une véritable union charnelle. Le préservatif, par exemple, s’oppose à l’union totale entre l’homme et la femme, séparés par une barrière en latex. Le don de soi n’est plus total.
En réalité, la seule prémisse qu’il nous faut défendre dans cet argument est la prémisse 2. Pourquoi penser que toute action qui vient s’opposer activement à une des finalités naturelles d’une faculté corporelle est immorale ? Eh bien tout simplement parce que ces finalités naturelles ont été créés et voulues par Dieu qui les a inscrites dans notre nature. Or si Dieu a voulu qu’un acte X ait une finalité Y, il serait absurde pour un agent rationnel A de choisir de s’opposer délibérément et activement à ce que Dieu a voulu en créant nos facultés corporelles.
D’ailleurs, d’un point de vue purement philosophique, un Aristotélicien pourrait tout à fait soutenir la même chose : si je veux ce qui est bon pour moi alors je dois poursuivre ce qui correspond à mes fins naturelles et éviter ce qui s’oppose activement à elles. Ceci n’est pas une position religieuse à proprement parler. Toute personne, même non religieuse, peut découvrir, à la lumière de la raison naturelle que choisir de s’opposer activement aux finalités naturelles de ses facultés corporelles n’est pas quelque chose de bon. Le bien justement, c’est de suivre ce pourquoi notre nature a été faite. Et s’opposer activement aux propres finalités naturelles de ses facultés corporelles n’est pas agir selon sa nature. Si Dieu a voulu que ces finalités (union et procréation) coexistent dans un seul et même acte, c’est précisément qu’il veut que nous respections ces finalités ensembles. Par conséquent, choisir volontairement de s’opposer à ce Dieu a voulu pour la sexualité, c’est tout simplement s’opposer au projet de Dieu dans son acte créateur.
On comprend alors pourquoi l’Eglise enseigne : « tout acte matrimonial doit rester par soi ouvert à la transmission de la vie » (HV 11). […] Est intrinsèquement mauvaise » toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation » (HV 14) » (Catéchisme de l’Eglise catholique 2366-2370).8
La position de l’Eglise est donc rationnellement fondée s’il on admet l’existence de Dieu à l’origine de la loi morale et de nos facultés corporelles.
Objections
Comme nous l’avons dit, la seule prémisse susceptible d’être attaquée dans notre argument est la proposition selon laquelle toute action qui vient s’opposer activement à l’une des finalités naturelles d’une faculté corporelle, est immorale.9
Appliquée à l’éthique sexuelle, cette prémisse clé de l’argument laisse parfaitement ouverte la possibilité que quelqu’un s’abstienne d’avoir des relations sexuelles. En effet, la prémisse ne dit pas qu’il est immoral de ne pas utiliser une faculté. Elle affirme seulement qu’il y a quelque chose de contre nature à en faire un usage qui contrecarre activement sa finalité. Il est donc parfaitement acceptable de ne jamais faire usage de sa faculté sexuelle tout au long de sa vie (en devenant prêtre par exemple !).
Venons en à présent à quelques objections
- « Cet argument implique que les couples stériles ou les femmes enceintes et ménopausées ne peuvent pas avoir de relations sexuelles car elle ne pourront pas procréer, c’est absurde ! »
L’objection ne réfute aucunement l’argument car notre prémisse initiale n’était pas : « il est immoral de s’engager dans un acte sexuel s’il on sait qu’il sera infertile » mais plutôt : « il est immoral de s’opposer activement à la finalité procréatrice de la sexualité ». C’est là une grande différence ! En effet, lorsqu’un couple stérile a des relations sexuelles, il ne choisit pas de s’opposer activement à la finalité procréatrice de leurs facultés sexuelles. Les conjoints ne sont pas responsables de leur stérilité et ne font rien pour empêcher la finalité procréatrice de leur acte. Il en est de même lorsqu’un homme a une relation sexuelle avec sa femme enceinte (ou dans ses périodes infertiles du cycle). Les deux ne font rien pour s’opposer activement à la finalité procréatrice de la sexualité. Certes, ils savent à l’avance que leur acte sera infertile, mais cette infertilité n’est pas causée par eux. Elle ne résulte que d’un processus naturel anticipable.
2. « Les méthodes de régulation naturelles des naissances, c’est une forme de contraception cachée ! »
Il est bien connu que l’Eglise catholique autorise les régulations naturelles des naissances par l’observation du cycle de la femme. Bien que l’Eglise s’oppose à toute forme de contraception, elle ne s’oppose pas à ce qu’un couple choisisse intentionnellement d’avoir des relations sexuelles uniquement lors des périodes infertiles de la femme, lorsqu’il est vraiment préférable pour le bien du couple de ne pas avoir d’enfants. Mais n’y a-t-il pas là une forme d’hypocrise ? Les méthodes naturelles ne sont-elles pas une forme de «contraception cachée » ?
Reprenons les choses calmement. Cette objection courante omet en réalité une distinction fondamentale : il existe une grande différence morale entre le fait d’anticiper que l’on va être infertile, et le fait de se rendre infertile. D’un le premier cas, on anticipe un effet naturel alors que dans le deuxième on agit activement contre la finalité naturelle. De même, il existe une grande différence morale entre le fait d’anticiper que l’on va mourir et de se donner la mort. Dans un cas vous anticipez un effet naturel, dans l’autre vous vous opposez activement au plus grand bien qu’est votre propre vie.
Une analogie frappante
Prenons l’analogie suivante pour bien comprendre cette distinction: imaginez deux hommes qui veulent perdre du poids. L’un décide de s’abstenir de nourriture et de faire un régime. L’autre décide qu’il a envie de manger « juste pour le plaisir » et décide de se faire vomir ensuite pour ne pas prendre du poids. Dans cet exemple, le premier homme n’a rien fait de mal. Il s’est abstenu d’utiliser une faculté naturelle de son corps. Or dans le deuxième cas, au contraire, l’homme en question a agi de manière immorale car le moyen qu’il a utilisé pour ne pas perdre du poids consistait à s’opposer activement à une des facultés naturelles de son estomac en se faisant vomir. On comprends alors que, bien que les deux hommes avaient la même intention (éviter de grossir), le moyen utilisé par le second était moralement inacceptable. Il s’est opposé activement à la finalité nutritive de la nourriture. Il en est de même dans le cadre de la contraception et des méthodes naturelles des naissances. Les deux couples ont la même intention : éviter d’avoir un enfant (pour des raisons sans doute appropriées), mais le moyen utilisé est radicalement différent. L’un a anticipé qu’il serait infertile. L’autre s’est rendu infertile (et s’est opposé activement à la finalité procréatrice de l’acte sexuel). La méthode de régulation des naissances n’est donc pas comparable à la contraception, puisqu’elle n’interrompt aucun processus naturel. Elle s’abstient uniquement d’initier le processus, et en cela, elle ne fait rien de mal.
L’objection est donc écartée.
Conclusion
En conclusion, nous avons vu que la doctrine morale catholique est rationnellement fondée à partir du moment où l’on admet l’existence de Dieu et d’une loi morale naturelle. L’éthique sexuelle catholique respecte le plan du créateur ainsi que la nature humaine. Ce n’est donc pas un hasard si les statistiques montrent que les couples catholiques fidèles aux enseignements de l’Eglise sont en moyenne plus heureux et durables que les couples non croyants chez qui le taux de divorce est le plus élevé. La morale catholique bien comprise est source de bonheur et de joie!
- Le problème de fonder la moralité sexuelle sur le consentement est que nous pouvons tout à fait consentir à des choses qui sont objectivement mauvaises pour nous. Il suffit de penser à ceux qui désirent s’amputer un membre sain ou ceux qui négligent intentionnellement leur propre santé. Ces personnes peuvent avoir consenti à ces activités, mais leur décision libre reste néanmoins mauvaise et autodestructrice. Ainsi, le simple fait que nous acceptions librement de faire quelque chose ne montre pas que ce que nous faisons est moralement bon. Le consentement n’a de valeur que dans la mesure où il est utilisé pour prendre des décisions bonnes, fondées sur la connaissance de ce qui est objectivement bon et conforme à notre nature. ↩︎
- Contraception : from accessibility to efficiency. Human reproduction,2003,vol.18,n°5 : p.994-999 ↩︎
- Malheureusement, aujourd’hui, les jeunes baignent tellement dans une mentalité contraceptive qu’ils sont étonnés qu’un acte sexuel « protégé » puisse aboutir à la conception d’une nouvelle vie. (Cf. Laurent Spriet, Se relever après un avortement, Editions Peuple Libre, 2019, p. 43) ↩︎
- Sur ce point voir mon article https://matthieulavagna.fr/un-argument-contre-lavortement-fonde-sur-lidentite-personnelle/ ainsi que mon livre consacré à la question de l’immoralité de l’avortement: La raison est Pro-vie, arguments non religieux pour un débat dépassionné, Artège, 2024 ↩︎
- Certaines de nos facultés corporelles peuvent servir à plusieurs choses: la bouche sert à manger mais aussi à embrasser les personnes que j’aime. Mes bras servent à transporter des objets, mais aussi à faire des câlins, etc. ↩︎
- Nous présupposons ici que le lecteur est déjà convaincu qu’il existe un Dieu créateur et une loi morale objective car à notre avis, il est impossible de fonder une morale objective sans l’existence de Dieu. Autrement dit, une personne qui nie l’existence d’une source transcendante et ultime du bien ne peut justifier l’existence d’aucune obligation morale objective. ↩︎
- Notons ici que, bien que cet argument présuppose l’existence de Dieu comme étant à l’origine de la loi morale naturelle, il ne présuppose aucunement qu’une révélation religieuse soit vraie. Autrement dit: pas besoin de croire en la Bible pour croire qu’il existe un Dieu créateur à la source de la loi morale naturelle. Un déiste pourrait tout à fait accepter cet argument. ↩︎
- Cette position implique que la méthode de retrait (qu’on appelle également onanisme), ou la stimulation manuelle ou orale des organes génitaux du mari jusqu’à l’orgasme sont immoraux car ils s’opposent activement à la finalité procréatrice de l’acte sexuel (et d’une certaine manière à sa finalité unitive). ↩︎
- On peut formuler la prémisse de manière un peu plus rigoureuse : Lorsqu’une faculté F est naturelle pour un agent rationnel A et existe, par nature, pour une certaine fin E, alors il est immoral pour A d’utiliser F d’une manière contraire à E. ↩︎