Pourquoi m’être attaqué à la FSSPX?

Certains internautes se sont offusqués de la publication de mes vidéos critiques contre la FSSPX. Ils disent qu’une telle entreprise est « incompréhensible » et qu’on « ne comprend pas pourquoi Matthieu Lavagna, dont le travail est solide et orthodoxe par ailleurs s’attaque à la FSSPX qui cherche à œuvrer pour défendre la Tradition. »

L’abbé Gleize (FSSPX) écrit par exemple dans le courier de Rome : « Matthieu Lavagna s’est pourtant signalé jusqu’ici, outre son livre d’apologétique déjà mentionné, par d’autres utiles et heureuses publications, qui témoignent d’un travail particulièrement soigné, et auxquelles l’on doit reconnaître le grand mérite de défendre des points capitaux du dogme et de la morale catholique injustement – et fort superficiellement – mis en cause par les esprits faux de l’heure. C’est ainsi que la même année 2024 a vu paraître une réponse aux dénégations insensées de Michel Onfray , une réfutation en règle des élucubrations sournoises de Thomas Durand et surtout une argumentation sans failles développée à l’encontre de l’avortement . Nous n’en regrettons que davantage la charge que notre apologète entreprend étonnamment de battre pour discréditer le bon combat mené par Mgr Lefebvre et la FSSPX. »

Mais alors ? Pourquoi Matthieu Lavagna s’attaque-t-il aux positions de la FSSPX ? Ne faut-il pas plutôt œuvrer pour « l’œcuménisme entre les tradis »?

A cette question, je vais répondre en toute franchise : je me suis attaqué à la FSSPX car j’ai été scandalisé en apprenant que celle-ci enseigne que les sacrements que je reçois quotidiennement sont douteusement valides (eucharisties, confirmation, confessions)1  et que je commet un péché mortel lorsque j’assiste parfois à une messe Paul VI en vacances!2 [Voir les notes de bas de page pour les explications]

De telles positions sont gravement scandaleuses. Il ne faut pas s‘étonner qu’en tenant des positons aussi radicales, on s’attire les foudres. Comment ne pas comprendre que de telles réactions suscite des réactions virulentes de ma part ? Qui a commencé à semer la désunité dans cette histoire ?

C’est bien la FSSPX qui est source de désunité et qui mérite en conséquence d’être critiquée et dénoncée. En effet, la FSSPX affirme que l’Eglise enseigne des hérésies depuis Vatican II14, que la messe Paul VI est intrinsèquement mauvaise, intrinsèquement illicite15 , douteusement valide16, qu’y participer en pleine connaissance de cause est un péché mortel17, que la quasi-totalité des sacrements conciliaires sont douteux18, qu’elle détient les Quatre Marques de l’Eglise19, que « l’Église conciliaire » est schismatique20 et que l’indéfectibilité de l’Eglise n’existe que par la FSSPX21. La FSSPX rejette a priori l’autorité contraignante du Code de Droit Canon en vigueur depuis 1983.22 Elle usurpe le pouvoir exclusif du pape de rejuger des cas de nullité de mariage en dernière instance, par sa commission Saint-Charles-Borromée qui accorde les déclarations de nullité de mariages et la levée des censures tout en exigeant que ses adhérents jurent sur l’évangile qu’ils ne s’adresseront pas à un tribunal ecclésiastique de l’Eglise conciliaire. Elle affirme qu’il ne faut pas assister à des messes en dehors de chez eux y compris aux messes des communautés « ralliées » (IBP, FSSP, ICRSP, FSVF, etc.).24 Elle rejette les canonisations (pourtant infaillibles) de Jean XXIII, Paul VI et Jean Paul II. Enfin, elle enseigne que tous les prêtres conciliaires (y compris les prêtres des communautés ex Ecclesia Dei) sont douteusement prêtres25.

Face à de telles positions radicalement schismatiques, le cardinal Burke (qui n’est pas connu pour son progressisme ou son hostilité vis-à-vis du catholicisme traditionnel) était bien obligé de conclure en mai 2021 « A l’heure actuelle, ils [la FSSPX] ne font pas partie de l’unique Église catholique romaine »26 Doit-on accuser le cardinal Burke de dureté excessive ou de « ne pas vouloir faire l’unité chez les tradis » ? La réponse est évidemment négative. Il n’y a pas d’unité possible avec la FSSPX précisément parce que ces derniers la refusent et adoptent des positions ultra-radicales se séparant ainsi eux-mêmes de l’Eglise. Mgr Lefebvre disait lui-même : « Cette Église conciliaire est une église schismatique, parce qu’elle rompt avec l’Église catholique de toujours. Cette Église conciliaire est schismatique parce qu’elle a pris pour base de sa mise à jour des principes opposés à ceux de l’Église catholique. L’Église qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schismatique et hérétique. Cette Église conciliaire n’est donc pas catholique. »27« Dans la mesure où le pape s’éloignerait de cette tradition, il deviendrait schismatique, il romprait avec l’Église. (…) Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce bouleversement acceptent et adhèrent à cette nouvelle église conciliaire et entrent dans le schisme. »28 « C’est donc un devoir strict pour tout prêtre voulant demeurer catholique de se séparer de cette Église conciliaire tant qu’elle ne retrouvera pas la tradition du Magistère de l’Église et de la foi catholique»29

Il ajoutait que la papauté elle-même avait faut défection et que saint Jean Paul II était un antichrist « La chaire de Pierre et les postes d’autorité de Rome étant occupés par des antichrists, la destruction du Règne de Notre Seigneur se poursuit rapidement à l’intérieur même de son Corps mystique ici-bas»28 « Rome a perdu la foi, mes chers amis. Rome est dans l’apostasie. Ce ne sont pas des paroles, ce ne sont pas des mots en l’air que je vous dis. C’est la vérité. Rome est dans l’apostasie29

Il ne faut pas s’étonner qu’à force d’entendre des paroles si radicales tenues depuis plus de 40 ans, je m’attaque à la FSSPX. Ce n’est pas moi qui adopte une position radicale ou « trop critique » mais bien la FSSPX elle-même qui s’autoexclut de la communion avec l’Eglise au lieu de lutter pour la défense de la foi à l’intérieur de celle-ci. On ne s’attaquera efficacement au modernisme qu’en restant au sein de la structure juridique de l’Eglise fondée par Jésus-Christ et non pas en créant une Eglise parallèle.3


  1. L’abbé Gleize confirme lui-même que le doute sur la validité est « causé non par le modernisme des évêques et des prêtres mais par le modernisme des nouveaux rites et des nouveaux sacrements. C’est ainsi qu’il faut comprendre ce qu’a dit Mgr Lefebvre lors de la cérémonie des sacres du 30 juin 1988. Parlant des évêques conciliaires, il a déclaré que leurs sacrements « sont tous douteux » et la raison qu’il en a donnée est que « l’on ne sait pas exactement quelles sont leurs intentions ». Précisément, leurs intentions sont douteuses dans la mesure exacte où les nouveaux rites réformés par Paul VI sont douteux. Nous savons qu’il y a un doute, concernant la validité, pour les deux sacrements de l’extrême-onction et de la confirmation, en raison de la matière. Il y a aussi un doute pour le sacrement de l’eucharistie, pour la messe, en raison de l’ambiguïté du nouveau rite, qui peut fausser l’intention du célébrant. Quant au sacrement de l’ordre, la problématique, s’il en est une, est analogue à celle de la messe : on ne saurait juger de la validité qu’au cas par cas des célébrations concrètes » ↩︎
  2. Le petit catéchisme de la Nouvelle Messe affirme en effet : «Est-ce à dire que tous ceux qui célèbrent ou assistent activement à la nouvelle messe commettent un péché mortel ?[…] ceux qui savent que la nouvelle messe comporte une profession de foi ambiguë (ou qui s’en doutent sérieusement et ne font rien pour lever le doute) commettent un péché contre la vertu de foi, qui pourra être mortel s’il y a pleine advertance et plein consentement. » Or j’ai lu le bref examen critique. Je suis conscient des critiques du Novus Ordo Missae et je reconnais que certaines (pas toutes) sont valables. J’ai donc une parfaite advertance et un plein consentement lorsque j’assiste parfois à de telles messes lors de réunion familiales. D’après la FSSPX je commet donc un péché mortel et je mets mon âme en enfer pour avoir assisté à UNE MESSE promulguée par l’Eglise ! ↩︎
  3. Et à ceux qui oseraient soutenir que la FSSPX n’est pas une Eglise parallèle, je me contenterais de citer Mgr.Lefebvre: «Où est l’Eglise visible? L’Eglise visible se reconnaît aux signes qu’elle a toujours donnés pour sa visibilité: elle est une, sainte, catholique et apostolique. Je vous demande: où sont les véritables marques de l’Eglise? Sont-elles davantage dans l’Eglise officielle (il ne s’agit pas de l’Eglise visible, il s’agit de l’Eglise officielle) ou chez nous, en ce que nous représentons, ce que nous sommes. Il est clair que c’est nous qui gardons l’unité de la foi, qui a disparu de l’Eglise officielle. Tout cela montre que c’est nous qui avons les marques de l’Eglise visible. […] Ces signes ne se trouvent plus chez les autres» (Conférence du 9 sept. 1988, La Visibilité de l’Eglise et la situation actuelle, publication intégrale dans le Bulletin officiel du district de France de la Fraternité Saint-Pie-X)
    Oui vous avez bien lu. Seule la FSSPX détient les 4 notes de l’Eglise « ces signes ne se trouvent plus chez les autres ». Conséquence logique: Si la FSSPX disparait alors l’Eglise disparait! Comment certains osent-ils encore soutenir que Mgr.Lefebvre n’a pas crée une Eglise parallèle? ↩︎

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